Louviot Gérard


Venu le 3 avril

 

Gérard Louviot a grandi en Bretagne, dans une famille d’accueil. Enfant il ne peut apprendre à lire, et connaît à l’école l’humiliation du bonnet d’âne.
Adulte, sa vie devient un parcours du combattant : prendre un train, signer un formulaire, lire un mode d’emploi. À cela s’ajoute la peur d’être « démasqué » comme illettré…
À 35 ans, ouvrier, il parvient à dire à son employeur patron « Je ne sais pas lire ». Touché par sa souffrance, le chef d’entreprise lui donne la possibilité de prendre des cours…
Aujourd’hui, à 46 ans, Gérard Louviot poursuit son apprentissage de la lecture et de l’écriture. Il dévore les dictionnaires, affiche sur ses murs des tableaux de conjugaison, écrit des poèmes pour sa femme et ses enfants.

 


 

Orphelin des mots, de Gérard LouviotOrphelin des mots
XO document

 

Gérard Louviot nous fait partager son trajet de vie, de la famille d’accueil à l’école, à l’IME, à l’apprentissage et au C.F.A.

« C’était mon secret : jusqu’à 35 ans, je ne savais ni lire ni écrire. Mes problèmes sont liés : lire et comprendre, enregistrer des informations et m’en servir, écouter et retenir, chaque chose dépend d’une autre, sauf que je ne vois même pas ça, parce que l’angoisse m’empêche de réfléchir. »
« Ne pas savoir lire une pancarte, un mode d’emploi, un livre, un courrier c’est comme ne pas pouvoir respirer… C’est se battre, ruser, feinter pour survivre dans un monde où tout est pensé pour ceux qui savent. »
«Gégé, va faire le tour des classes pour montrer quel âne tu fais! »
« Tu es idiot ou quoi ? »
« Tu n’imprimes rien, il faut tout te répéter ! »
« Chagrin d’école » dirait Daniel Pennac. Longue, très longue, trop longue liste de propos blessants, humiliants, qu’endurent les illettrés…

« Un illettré ce n’est pas juste un ignorant, c’est quelqu’un qui se laisse traiter d’imbécile pendant des années. À force il finit par rester dans son trou.
Illettré me fait souffrir. Un mot de honte qui colle à la peau, comme la couronne de l’âne.
Âne justement et analphabète, encore pire puisqu’il commence pareil : âne-alphabète.
Attardé. Attardé te fait passer pour quelqu’un que tu n’es pas vraiment mais que tu deviens à force de ne rien apprendre, de te croire incapable »

« Témoigner ça doit servir aux autres et pas seulement à me raconter. »

Ce témoignage fort et lumineux transmet une joie contagieuse par cette passion des mots et le bonheur d’apprendre.

 


 

En préparation de leur rencontre avec Gérard Louviot à Alençon le vendredi 3 avril 2015, les participants à l’atelier gazette de l’épicerie sociale, animé par l’écrivain public Sonia Brault, ont composé un poème inspiré par le livre Orphelin des mots.
Poème à découvrir sur le blog de l’écrivain public.