D’origine espagnole, né à Oran sous « l’occupation française », j’ai vécu, en 1962, un déracinement que l’Histoire explique fort bien, mais que mon biotope récuse.
Ainsi, c’est sac au dos et en auto stop que j’ai pu, à la fin des années 1970, me gaver à nouveau de l’air et de la lumière de ma terre natale, et découvrir ce que l’on m’avait empêché de connaître : les « différences » multiples, heureuses, surprenantes, que la colonisation dissimulait avec frénésie, niant la communauté autre : les Maghrébins.
À la recherche de nouvelles « différences », j’ai vécu en Belgique, en Angleterre, en Espagne, avant de m’installer à Paris, ma ville d’élection.
Alors que j’étais professeur de lettres, j’ai acquis une maison dans l’Orne, histoire de s’enraciner. Histoire surtout de suivre de près, avec passion, les saisons, la campagne, fantasmes majeurs de mon enfance africaine et jamais assouvis.
Enfant, les mots se sont révélés pour moi véritables objets quasi tangibles, manipulables à discrétion pour appréhender et déjà transcender le monde. J’aime à reprendre, il est vrai, le propos du poète qui veut que « l’art est un cri signifiant : je voudrais ».
Le Désert des reines
Éditions Mon petit éditeur
Étudiante en médecine à Ouahrân (Oran) dans les années quatre-vingts, Nouara la rebelle bouscule les repères sociaux et culturels ancestraux, inconcevable outrage pour son frère croyant pratiquant.
Menacée par des jusqu’au-boutistes religieux, Nouara ne connaîtra jamais la petite Dimya, piètre ange gardien, garçon manqué manipulé par la vieille Cherifa non moins révoltée, deux femmes parties à la recherche de la jeune fille kidnappée.
D’autres destins de femmes apparaissent autour de Nouara, dans la vieille ville de Biskra où elle est cloîtrée. Fuites entre Ouahrân et Biskra, violences inouïes au sein d’un même foyer bourgeois d’apparatchiks, manifestations populaires, le suspens se développe ici au service de problématiques universelles contemporaines.
« Reine » est la femme engagée, consciemment ou non, dans la quête d’une dignité.
« Désert » demeure la société gangrenée par des pouvoirs iniques millénaires qui cantonnent, à n’importe quel prix, la femme dans un statut d’infra-être.
Bibliographie
- Les Oiseaux noirs, roman – Éditions Olivier Orban – 1983
- La Loca, roman (contrat pour le cinéma) – Éditions Olivier Orban – 1984
- Le Jardin thérapeutique de Marc Mitou, propos recueillis par Jean-Marc Barroso – 2014
- Divers billets d’humeur et interviews, notamment au journal Le Monde
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Présentation de Jean-Marc Barroso sur son site