Festival Livres & davantage 2022

AUTEURS LITTÉRATURE GÉNÉRALE
présents en dédicace le 15 octobre

Allain Anne-Marie

Anne-Marie Allain

 

Née à Bricquebec dans la presqu'île du Cotentin, Anne-Marie Allain, psychanaliste, a vécu son adolescence en Algérie où son père était militaire de carrière.


 

Jeanne, l'Algérie, la guerre, d'Anne-Marie Allain aux éditions Le Vistemboir

Jeanne, l'Algérie, la guerre
Éditions Le Vistemboir - 2019

 

Avec Jeanne, l'Algérie, la guerre, Anne-Marie Allain signe son premier roman et plonge le lecteur dans la période de la guerre d'Algérie avec le regard d'une adolescente bousculée et déchirée entre deux mondes juste séparés par la Méditerrannée : l'Algérie en guerre et la France en paix.
« C'est le pays de la guerre. Rien d'autre. La guerre est là dans les jeux des enfants, dans les trous que font les projectiles sur le portail des églises, dans les rues, les collines éclaboussées de sang comme des grenades éclatées, dans le cri du mendiant, bouche ouverte sur une seule jambe, dans le rire de gorge de femmes sous le regard de militaires qui sont là comme des veilleurs, des gardiens...
... Jeanne a quatorze ans. La chaleur colle à sa robe sur son corps nu. Elle aime cette robe, cette robe la rend libre. Quand la chaleur devient trop blanche, elle ouvre le haut de sa robe, cherchant désespérément l'air.
Ce jour-là, elle entend les rafales. Elle va sur place pour voir, voir la guerre.
Elle regarde... ».
Ou encore : « Les jeunes filles arabes qui vivaient au pensionnat se mariaient très jeunes. Elles allaient rougissantes vers leur époux qu'elles n'avaient jamais vu ou si peu ; la veille des noces, elles venaient au pensionnat faire admirer leurs mains, leurs pieds peints au henné comme des tableaux précieux aux entrelacs mystérieux ; elles disaient que c'était des porte-bonheur qui leur permettraient de surmonter les problèmes de la vie et d'être protégées de la malchance. »

Dans ce premier livre, Anne-Marie Allain a un sens du récit qui tient le lecteur en haleine. Elle ne juge pas, elle ne condamne pas. Il n'y a de sa part aucun appel à la morale, elle n'exclut rien. Elle même se voit complexe... Intrépide, innocente et provocante, sans le vouloir elle aspire au futur comme à « une mystérieuse nouveauté ». Et pour se souvenir de la guerre, elle attendra longtemps « des remparts ont été édifiés autour de la terreur. La terreur est gardée. »

Ce premier roman dont la beauté naturelle semble aller de soi, porte la marque d'un talent certain.