Fanny Wallendorf est romancière et traductrice.
Elle a écrit pendant une quinzaine d’années avant de se lancer dans la traduction.
On lui doit la traduction de textes de Raymond Carver, de lettres de Neal Cassady et de Mister Alabama de Phillip Quinn Morris.
Elle a aussi publié plusieurs textes ou nouvelles dans diverses revues. L’appel est son premier roman.
L’Appel
Éditions Finitudes – 2019
Richard est un gamin de Portland, maladroit et un peu fantasque. Comme tous les adolescents de l’Amérique triomphante du début des années 60, il se doit de pratiquer un sport. Il est grand, il est même très grand pour son âge, alors pourquoi ne pas essayer le saut en hauteur ?
Face au sautoir, il s’élance. Au lieu de passer la barre en ciseaux, comme tout le monde, il la passe sur le dos. La stupéfaction est générale.
Cette singularité lui vaut le surnom d’Hurluberlu. Il s’en fiche, tout ce qu’il demande, c’est qu’on le laisse faire. Sans le vouloir, n’obéissant qu’à son instinct, il vient d’inventer un saut qui va révolutionner sa discipline.
Les entraîneurs timorés, les amitiés et les filles, la menace de la guerre du Vietnam, rien ne détournera Richard de cette certitude absolue : il fera de son saut un mouvement parfait, et l’accomplissement de sa vie.
« Il n’a rien prémédité, il a laissé faire, c’est comme si son mouvement avait pensé pour lui. »
À l’origine de ce roman, il y a une photo : le visage en gros plan d’un très jeune athlète, les yeux dans le vague et les mains devant la bouche, concentré, ailleurs. Fanny Wallendorf est tombée sur cette image par hasard, et elle a été touchée par l’expression intense de ce regard. L’athlète sur la photo, c’est Dick Fosbury, juste avant le saut qui le sacrera champion olympique de saut en hauteur à Mexico en 1968. Ce titre, le jeune homme l’obtiendra grâce un saut étrange, sur le dos, un saut qu’il a inventé et qui désormais portera son nom. L’histoire de sa discipline en sera radicalement changée.
Ça, c’est pour l’Histoire, la vraie, car en fait, l’identité du garçon sur la photo n’a aucune importance pour Fanny Wallendorf. D’ailleurs le sport ne l’intéresse pas vraiment. Sa fascination pour le garçon sur la photo se place sur un autre plan : « J’ai voulu écrire la naissance et le déploiement d’une vocation, cet appel intime qui donne forme à un parcours et à une œuvre, qu’elle soit artistique ou sportive – le sport, comme la création, nécessite d’atteindre des états singuliers, et promet aventures, batailles et enchantements. »
C’est donc tout à fait volontairement qu’elle ne s’est pas référée aux biographies du champion. Elle n’a pas écrit un roman biographique sur Fosbury, mais un roman tout court sur le gamin de la photo, qu’elle appelle Richard, en ne gardant de son « modèle » que les records, les grands rendez-vous sportifs et bien sûr le fait qu’il invente ce saut dorsal incroyable.
On peut aussi noter que l’image de la couverture surprend… C’est la vue qu’a Richard la tête tournée vers le ciel… comme Dick Fosbury lorsqu’il sautait en hauteur et tournait le dos à la tradition du saut en ciseau ou en rouleau ventral.