Né en 1942 à Nice, Ernest Pignon-Ernest vit et travaille à Paris depuis longtemps.
Pendant sa jeunesse, il expose ses œuvres dans des expositions qui lui sont personnelles, sur les murs des villes : c’est ce qui lui a apporté la notoriété.
Depuis les années1960, il stigmatise, c’est son mot. Il fait en effet vibrer les murs des villes en y collant la nuit des affiches : images saisissantes, portraits grandeur nature, tracés au fusain éphémères : Rimbaud à Charleville-Mézières, Passolini à Rome ou encore Maurice Audin à Alger…
Il a aussi réalisé, dans les années 70, des séries de dessins de formes politiques qui sont clairement signalés dans leurs titres :
- en 1982 : Rubens, les musiciens
- en 1980 : Pasolini
- en 1979 : Expulsions
- en 1975 : sur l’avortement, sur les immigrés
- en 1974 : Jumelage Nice-Le Cap
- en 1972 : Les hommes bloqués
- en 1971 : La Commune
Il a fait des dessins sur les murs de Naples dont certains sont restés pendant huit mois.
En 2008, il a peint sept portraits qu’il a imaginé sur les grandes mystiques chrétiennes, nommés Les Extases qui se trouvent à la chapelle Saint-Charles en Avignon.
Entre 1982 et 1984, Ernest Pignon-Ernest, qui est fasciné par l’époque des hommes préhistoriques, crée des sculptures, appelées Les Arbrorigènes. En fait, il fait des moulages de corps, des silhouettes humaines vierges, il met ensuite des cellules végétales qu’il injecte à l’intérieur du moulage et installe les sculptures dans les arbres à des endroits qu’il a choisi comme le jardin des plantes à Paris ou dans les Landes. Peu à peu ces œuvres là se couvrent de végétation.
Ernest Pignon-Ernest est un pionnier : cet art de la rue il l’a inventé bien avant que l’on parle de street-art.
À Avignon,il vient de présenter récemment au Palais des Papes quatre cents de ses œuvres. « Dans le contexte actuel d’images multiples défilant à toute vitesse, affirmer le dessin c’est affirmer une pensée physique, biologique, accordée à la vérité organique de la vie, c’est un choix éthique », dit-il.
Annoncer la couleur
Ernest Pignon Ernest et André Velter
Éditions Actes Sud, 2019
André Velter et Ernest Pignon Ernest signent là leur dix-neuvième livre et nous offrent à chaque page, en faisant œuvre commune, la mise en résonance directe de mots calligraphiés et d’un dessin.
Une pratique poétique fusionnelle inédite qui, à sa manière, tend à détraquer adages, maximes et sentences en usant de l’action concertée d’un énoncé et d’une image.