De parents réunionnais, Jean-Marie Lebas de Lachesnay est né et a passé son adolescence à l’île de La Réunion.
Après une carrière de consultant en France métropolitaine, au Canada et aux États-Unis, il se consacre désormais aux voyages, à la musique et à l’écriture.
Après une première nouvelle, Derrière la porte verte (Dietro alla porta verde), écrite pour un concours d’écriture en Italie, il entreprend, en 2014, un récit intitulé Le Théâtre de mes opérations, destiné à ses filles.
Le Mort de la pleine lune est son premier roman.
Le Mort de la pleine lune
Éditions Mambolo, Collection LaDiLaFé
L’enquête policière de ce roman est un prétexte pour vous conduire dans mon île natale, métissée et tolérante, à la rencontre de personnages authentiques et attachants, loin des clichés cocotier, soleil, lagon et cocktail au bord de la piscine.
Résumé
Rodi est retrouvé, les mains et les pieds attachés, dans l’embouchure de la rivière des Roches, haut lieu de la pêche à la bichique. Huit années auparavant, sa compagne Amishi s’est suicidée.
Accompagnez le lieutenant Franck Law dans l’est de l’île, à la recherche de l’assassin.
Faites connaissance avec : Marcellin Mangalou, père de la victime et riche pêcheur ; Dounia et Sulayman Patel, les parents d’Amishi, toujours hantés par le suicide de leur fille unique ; Madame Sidonie, guérisseuse, spirite et exorciste ; Laurentin Hoarau, le premier et l’inconsolable ex-fiancé d’Amishi ; Jeannette, veuve et mère malheureuse de Laurentin ; Nazir, touriste malgache et volcanologue amateur ; Deborah, la précieuse compagne du lieutenant ; Thierry et Max, les bras droits de Franck Law.
Jalousie ? Vengeance ? Pratiques et croyances occultes ? Toutes les (fausses) pistes sont à suivre.
Extraits
La découverte de la victime
Jocelyn dut se résoudre à mettre sa lunette de plongée. Puis, il pencha la tête en avant et il l’enfonça légèrement pour constater l’étendue des dégâts.
― Oté ! Kossa lé là ? (Qu’est-ce que c’est que ça ?)
Il eut instinctivement un mouvement de recul. Son talon s’accrocha à un galet de bonne taille et il manqua de basculer en arrière. Sa mauvaise nuit lui aurait-elle dérangé l’esprit ? Après avoir retrouvé son équilibre, il replongea la tête dans l’eau. Mais non, ce n’était pas une hallucination. Il y a bien un cadavre là-dessous. Posé à quatre-vingts centimètres du fond, à côté de la vouve, un corps d’adulte est étendu, face dirigée vers le lit de la rivière. Le courant léger s’engouffre dans les jambes de son pantalon, les gonflant et lui donnant l’aspect d’une sorte de scaphandrier en position couchée. Ses bras et ses mains sont regroupés sous son corps. De sa peau, on ne voit que ses chevilles. Il a la carnation d’un poulet de batterie. Crayeuse et acnéique. Une multitude de bichiques sont agrippées à sa nuque et derrière ses oreilles, s’accrochant à lui grâce à leurs ventouses ventrales.
Le brigadier-chef Cologon, accompagné de trois agents, avait fait quadriller la zone de pêche, toute l’embouchure, de la mer jusqu’à cent cinquante mètres à l’intérieur des terres. Éloignez-vous. C’est une scène de crime. Des membres de l’unité de police scientifique, arrivés une demi-heure plus tôt, étaient en train de retirer le corps du canal et le disposaient sur une bâche. En le retournant, on put voir les deux énormes pierres qui étaient attachées à ses poignets et à ses chevilles. Quelqu’un dans la foule, un homme, s’écria : « C’est Rodi le garçon de Marcellin. Le Bon Dieu la puni azot » (Le Bon Dieu l’a puni).
L’autopsie de la victime
La mort est survenue le samedi 11 octobre entre 19 heures et minuit. L’overdose est certaine. Le mélange du datura, du zamal et de l’alcool est un facteur aggravant, mais la dose de datura retrouvée, aurait pu à elle seule, provoquer le décès. En France, elle a été longtemps considérée comme une plante maléfique, utilisée pour la pratique de la magie noire comme la belladone, la mandragore ou la jusquiame. Ses « vertus » sont connues depuis le dix-septième siècle. Elle a également été présente dans la pharmacopée antiasthmatique sous forme de cigarette, interdite en France depuis 1992, après la noyade d’un étudiant.
Madame Sidonie, guérisseuse, spirite et exorciste
Ce qui semblait être une maison d’artiste est en réalité un espace de cérémonie un peu angoissant. On est tout de suite frappé par l’obscurité quasi totale qui y règne. La pièce est assez grande, peut être huit mètres sur cinq. Tout est noir ; les tentures tapissant les murs, le plafond et le sol. Sur la gauche, la tenture est constellée d’inscriptions en français et en latin : Orgueil-Superbia, Avarice-Avaricia, Envie-Invidia, Colère-Ira, Luxure-Luxuria, Gourmandise-Gula, Paresse-Acedia ; les sept péchés capitaux !
Vous êtes en train de vous demander si vous êtes dans un lieu de culte satanique, lieutenant ! Rassurez-vous. Mon travail consiste à combattre le mal. Sous toutes ses formes. J’étais d’ailleurs à l’ouvrage quand vous êtes arrivés. Si cette peinture domine tout, c’est que c’est la réalité de la vie terrestre. Le Mal cherche à nous soumettre. Regardez ! Nous avons besoin de tous les dieux pour le combattre, dit-elle en désignant l’autel. Satan prospère sur la cupidité, la jalousie et la luxure qui caractérisent notre époque. J’aide les gens à le combattre. J’essaie aussi de leur donner un peu de bonheur et une meilleure santé.