Joseph Ponthus est né en 1978. Après avoir fait des études littéraires à Reims et travaillé dans le social à Nancy, il a exercé pendant plus de dix ans comme éducateur spécialisé en banlieue parisienne. De plus, il a dirigé et publié Nous… La Cité aux Éditions Zones en 2012. Il vit et travaille désormais en Bretagne.
Des voix — samedi 17 octobre 2020, Halle aux toiles, 15 h 15*
À la ligne
Éditions Gallimard, coll. Écoutez lire, 2019
Dans son premier roman, écrit en vers libres, Joseph Ponthus évoque son quotidien d’ouvrier intérimaire dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la chaîne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, lui, c’est qu’il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d’Apollinaire et les chansons de Trenet. Ce sont leurs voix qu’il entend… C’est sa victoire, provisoire, contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène.
Par la magie d’une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de boeufs et des tonnes de bulots autant de cyclopes. Dans ce texte original sans point ni virgule ce sont seulement les mots qui le uns après les autres consignent les pensées, les ordonnent pour rendre compte de la réalité et ne pas sombrer. À travers cette monotonie lanscinante, Joseph Ponthus nous interroge. Jusqu’où peut-on supporter l’aliénation ? Quelle est notre part de « machine » ? Mais en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l’odeur de la mer.